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Schmitt Lucien 1892 - 1984 |
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Documentation
> Schmitt
Lucien 1932 Lucien Schmitt est un des luthiers marquant du 20ème siècle. C'est très jeune, chez Léon Mougenot qu'il fait son apprentissage en 1909. Après des stages chez Bazin pour les archets, il poursuit sa formation chez Vidoudez à Genève, Lorange à Lyon, Caressa Français à Paris et Bovis à Nice. Installé en 1922 à Grenoble, il y produit de nombreux instrument "Mieulx ne Sçay". Il déménage à Meylan en 1941 et meurt en 1984. Les deux premiers fascicules que nous proposons ici font la promotion d'une catégorie d'instruments commercialisé par ce luthier à Grenoble en 1932 et dont il a déposé la marque : Violondor. Nous vous proposons ensuite une publicité pour les violons "Mieulx ne scay", et enfin "Le métier sans nom", vibrant plaidoyer pour l'adoption du terme "Violonier" en place de celui de luthier. Vous trouverez aussi le fascicule "le rabot pour la plume" de 1934, suivi de "la vie merveilleuse de Stradivarius" et enfin "conseils aux violonistes" de 1938, qui montrent tous deux les talents pamphletistes et littéraires de l'auteur. Vous trouverez ensuite "les cahiers du violonier" de 1951, aimablement communiqué par Randy Osborne que je remercie. Comme bonus, nous vous livrons la retranscription de feuillets tapés à la machine intitulés "Bousique" et "Violonorama" de 1971 et 1972 dont nous conseillons la lecture. Grand merci à Elisabeth Raux qui nous a scanné cette documentation. Enfin nous reproduisons l'en tête de papier à lettre de Lucien Schmitt. Patience... Les pages s'affichent lentement !
Deuxième catalogue et tarifs. Patience... Les pages s'affichent lentement !
Publicité pour les violons "Mieulx ne sçay" Patience... Les pages s'affichent lentement !
Patience... Les pages s'affichent lentement !
« Il n’y a qu’une musique, seuls les styles sont différents » D’accord ! Mais sous condition de répondre à la stricte définition de la musique : « Art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille » Alors que tout ce qui sent ne peut être qualifié Parfum (odeur a g r é a b l e), Pourquoi prétendre que tout ce qui est bruit peut, éventuellement, être Musique ? Ainsi l’ont pourtant décrété ces novateurs que rassemble le festival de Royan, cette foire cacophonique et térébrante, assortie de cris de porcs qu’on égorge, miaulements, éructations, et autres inconvenances sonores. Cette « musique », dite « concrète », s’apparente curieusement, par sa délirante incohérence, à la peinture « abstraite », cette autre conquête de notre époque déboussolée, en pitoyable témoignage de la décadence de tous les arts. De toute évidence, il ne s’agit plus là de Musique, mais de toute autre chose, dont la réalité exige qu’on lui donne un nom. Je propose « B O U S I Q U E », et une définition : « Art de combiner les sons de manière à vous f…. la migraine ». Dès lors, plus de querelles ! Discrimination établie entre Musique et Bousique, chacun attribuera ce qu’on lui fait entendre, à l’une ou à l’autre, en fonction de sa réaction physiologique… Pour ma part en tous cas, je ne considérerai comme Musique ces aberrations, ‘s’inscrivant dans le cadre de la pollution universelle), que lorsque Monsieur X, Grand Maître-Parfumeur, aura lancé, avec succès, comme atout majeur de séduction pour la femme, quelque subtil extrait d’assa foetida ou de pipi de chat ! Lucien Schmitt – 1971 BOUSIQUE – de BOUSIN : anglais : Boswing. Pop. Tapage – Désordre. Larousse Universel *** L’art, essoufflé par une course millénaire, en revient à ses premiers vagissements. *** Chaque époque a la forme d’art qu’elle mérite, et qui est une stylisation de son caractère dominant. La nôtre, faite d’incohérence et de hardiesse, trouve son miroir dans ce que créent nos peintres, sculpteurs et compositeurs de musique. *** La musique « inspirée » est supplantée souvent par celle née d’un froid calcul, et qui n’est intéressante que pour les mathématiciens. ***Il fut un temps où les différentes formes de l’Art n’étaient que variantes dans le rituel du culte de la beauté. Elles ne sont plus maintenant qu’une recherche d’inédit, d’insolite ou d’étrange, à tout prix… *** Seule une musique née d’une émotion, donc « inspirée », est capable d’émouvoir à son tour. *** Curieuse antithèse : plus s’épanouit l’anarchie en Art, pus s’affirment l’ordre et la précision en Science. *** Les cardiaques n’ont rien à redouter d’une certaine musique moderne, car elle ne saurait faire battre leur cœur au-delà de la normale. *** Ceux là sont des infirmes, que la musique laisse insensibles. L.S.
*** L’artiste qui joue exclusivement le même violon depuis longtemps, n’est pas plus apte à juger les violons qu’on lui soumet, que ne l’est, à juger les femmes, le mari fidèle (pléonasme, évidemment), car à tous deux manque cet élément essentiel qu’est la c o m p a r a i s o n. Au surplus le violon, comme la femme, ne se donne presque jamais totalement d’emblée. Leur conquête est affaire de doigté, de patience. J’ai « fait » mon violon, dit l’un. J’ai maté ma femme, pense l’autre… Quelle suffisance, messieurs ! L’un et l’autre auront fait de vous des esclaves dociles, en vous laissant croire, (suprême habileté) que vous étiez les maîtres ! Et c’est très bien ainsi. *** Les trafiquants marrons de faux vieux violons ne seraient-ils pas, tout bien considéré, des bienfaiteurs ? Oui… mais il l’a payé le prix d’un vrai ! Il a bien fallu, voyons ! Vendu au prix d’une copie, l’aurait-on cru authentique ? Cornélien débat de conscience pour le vendeur, croyez-le… heureusement résolu à la satisfaction des deux parties, car l’important n’est pas de posséder un violon ancien vraiment authentique, mais d’être persuadé qu’il l’est ! Mais, soit dit entre nous, si vous désirez laisser un bon souvenir de vous à vos héritiers, achetez plutôt l’antique dont vous rêvez chez un maître luthier patenté, qui vous délivrera, sous sa responsabilité, un « certificat d’authenticité » qui fera foi lors d’une vente ultérieure. *** Ne parlons plus de l’incomparable supériorité des Stradivarius, mais plutôt de celle des grands virtuoses qui les jouent. *** Pour la réalisation du menu délectable servi par le soliste, le luthier n’a fourni, somme toute, que … la casserole ! Pas de quoi, vraiment, se pousser du col ! *** Il ne faut pas attendre du virtuose chevronné, une conversion tardive au violon moderne. Il a cent bonnes raisons de rester fidèle à son compagnon de lutte et de succès. Une autre justification de son attitude, moins sentimentale, mais qui n’est pas blâmable pour autant : le prestige que représente, pour le public, la valeur vénale de son instrument, signé d’un grand nom de la lutherie ancienne. *** A l’encontre du titre de noblesse, qui n’implique nullement la noblesse des sentiments de celui qui le porte, le prestige de l’étiquette suffit à conférer au violon qui s’en pare, un préjugé favorable quant à la sonorité de l’instrument. *** Le luthier dont l’idéal professionnel se limiterait à la réparation, serait l’égal d’un cuisinier passé maître dans l’art d’accommoder les restes. *** Si, en dépit de sont ancienneté, tel violon est encore excellent, il le doit, soit au repos relatif dans lequel on l’avait laissé jusqu’ici, soit au talent du restaurateur, car tous les instruments de « la belle époque » ont dû subir des opérations rénovatrices. Mais s’il paraît excellent à l’auditeur, malgré une médiocrité intrinsèque patente (qui n’échappe pas à l’initié) le mérite de cette illusion appartient exclusivement au virtuose qui le joue, et qui, sur la foi des applaudissements, s’illusionne à son tour sur les qualités réelles de son instrument. C’est pourquoi de nombreux artistes font carrière munis d’instruments dont l’étiquette flatteuse sert peut-être leur réputation, mais dont la sonorité insuffisante s’oppose, à leur insu, au plein épanouissement de leur talent, les frustrant ainsi du supplément de succès auquel ils pourraient légitimement prétendre. *** Il y a, pour les violons, presque autant de façon d’être bons, que pour les femmes d’être jolies… *** près tout, justice enfin rendue aux possibilités sonores, totales et immédiates d’une certaine lutherie moderne, pourquoi n’achèterait-on plus d’antiques, même affligés d’une incurable aphonie ? J’ai ouï dire que nombre de timbres-poste oblitérés, donc impropres à leur vocation première, valent cependant une fortune -L. S. 1972-
En tête de lettre et signature de Lucien Schmitt en 1954.
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