Les débuts de la lutherie à Mirecourt

Jean-Paul Rothiot

 

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Jean-Paul Rothiot

Fédération des sociétés savantes des Vosges

Les débuts de la lutherie à Mirecourt, XVIIe et XVIIIe siècles

La lutherie a fait la renommée de Mirecourt et les instruments fabriqués dans cette ville sont réputés et soutiennent la comparaison avec ceux de Crémone, Brescia ou Mittenwald. Mais de quand datent les débuts de la lutherie à Mirecourt et quelle en est l’origine? Des luthiers mirecurtiens, notamment Jacquot[1], qui ont écrit sur cette activité, ont cherché à la faire remonter le plus loin possible, et ils ont affirmé que des dizaines de luthiers peuplaient la ville au XVIIe siècle. Pourtant, en faisant mon premier travail de recherche – ma maîtrise en 1970 –, je n’en ai trouvé que quatre aux alentours de 1700[2]. Ces légendes sont encore colportées aujourd’hui, malgré des travaux scientifiques qui ont été réalisés, notamment la thèse d’École des Chartes de Noëlle Gouillard[3] qui a travaillé sur les registres d’imposition de la ville et sur les actes notariés que lui avait signalés l’érudit mirecurtien, l’abbé de Gonneville. Sylvette Milliot a multiplié les travaux savants, mais plutôt sur les luthiers parisiens[4], même si un certain nombre d’entre eux viennent de Mirecourt, à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle. Cyril Denet a mené une maîtrise sur les marchands de violons au XVIIIe siècle[5]. L’association des Amis du Musée a organisé trois journées de la lutherie, contribuant à une meilleure connaissance de cette activité mirecurtienne[6] et les luthiers organisent chaque année des congrès, occasion d’étudier un aspect de l’histoire de leur spécialité. Roland Terrier a amassé un savoir considérable sur son site informatique[7]. Une première approche avait été faite lors des Journées d’études vosgiennes à Mirecourt en 1982[8].

Pourtant, il manque encore une synthèse et des éclaircissements sur les débuts de la lutherie au XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe. J’avais, entre 1980 et 1993, dispensé des cours aux élèves luthiers du lycée de Mirecourt et leur contact m’avait incité à étudier l’histoire de la lutherie et à travailler sur des sources inédites. Je les reprends aujourd’hui, en puisant des données dans les rôles d’imposition de la ville de Mirecourt[9], les inventaires après décès[10] et les liasses et registres de la corporation des luthiers[11], et avec l’aide de Roland Terrier dans les instruments, marques et généalogies que l’on connaît de cette époque…

 

Les débuts timides de la lutherie

Le luthier est, à l’origine, un fabricant de luth, mais le sens s’élargit bientôt pour désigner les fabricants d’instruments à cordes. Le luth était un instrument prestigieux utilisé à la cour et dans les chapelles, alors que le violon avait mauvaise réputation, étant essentiellement utilisé par les comédiens ambulants et pour la danse. Pourtant les choses évoluent.

Les luthiers du XVIe siècle

Les premiers luthiers apparaissent en Italie du Nord au début du XVIe siècle et en Allemagne, en Bavière, avec Caspar Tieffenbrucker, né à Tieffenbrugg en 1514, mort à Lyon en 1571, où il a exercé en 1533 ; en Pologne où on parle d’un « polnische Geigen » et de Matthaeus Dobrucki ; en Italie du Nord à Brescia ; mais ce ne sont guère que des noms et peu d’objets ont été conservés.

Les premiers luthiers attestés dans la seconde moitié du XVIe s se trouvent à Brescia : Gasparo Bertollotti dit da Salo (1542-1609) et son élève Giovannio Paolo Maggini (1580-1632) ont produit des instruments de grande qualité qui ressemblent déjà à nos violons. À Crémone, Andréa Amati (1535-1602) inaugure une grande lignée avec ses fils, Antonio et Girolamo, et il aurait fourni au roi de France Charles IX vingt-quatre instruments en 1566, ce que Karl Moens met en doute[12].

Quelles origines pour la lutherie en Lorraine ? Italiennes ou allemandes ?

C’est au XVIe siècle que se situe la légende de Tyversus. Le luthier Jules Gallay raconte que

« au commencement du XVIe s, les ducs de Lorraine occupaient un château de plaisance à Mirecourt (Mandres, appelé plus tard Ravenel[13]). Ils avaient leur musique à leur suite et par conséquent leur luthier. Celui-ci s’appelait Tyversus. Ses instruments ont une grande ressemblance avec ceux d’Andréa Amati. Ce Tyversus eut pour élèves Nicolas Renault, Nicolas et Jean Médard de Nancy. Il travailla en outre avec Dieudonné de Montfort »[14].

Quelle est la valeur de cette légende ?

Philippe Dupuy, luthier et chercheur, a publié en 1983 un article qui reprend ces données et les réoriente en leur donnant plus de crédibilité[15]. Il évoque la puissance des ducs de Lorraine, leur mécénat artistique et leurs liens avec les grandes familles régnantes, Valois, Médicis, Gonzague. La multiplication des liens culturels entre la Lorraine et le nord de l’Italie favorise le développement de la musique avec les violons, et Monteverdi, originaire de Crémone, au service de Vincent de Gonzague, occupe une place majeure dans ces transferts en passant à Nancy en 1599.

« Monteverdi put rencontrer des musiciens à la cour ducale, parmi lesquels il y avait au moins six violons et leur parler des dernières nouveautés crémonaises ou leur montrer des instruments[16]. »

Le mariage d’Henri II, duc de Lorraine, avec Marguerite de Gonzague, s’accompagne de l’arrivée de musiciens italiens, des luthiers instruits par Amati et qui forment peut-être des luthiers en Lorraine. Nicolas Médard serait l’un de ceux-là ; sa présence est attestée à Nancy par des actes en 1622 (faiseur d’instruments), en 1626 (violon de son altesse), en 1631 (violon du duc), en 1658 (faiseur de violon)[17]. Ces hypothèses de Philippe Dupuy sont séduisantes, mais il faut les confronter aux données archivistiques vosgiennes et à l’aspect des premiers violons lorrains.

Or, plusieurs luthiers, Karl Moens ou Roland Terrier, pensent que l’inspiration d’origine des luthiers lorrains est plutôt allemande compte tenu de la forme des instruments de Médard plus proche de celle de ces pays germaniques[18]. Roland Terrier pense que la lutherie est arrivée à Mirecourt par Lyon, où résidait le célèbre Gaspard Tieffenbrucker ou Duiffopruggar, dont le portrait fut gravé en 1562 par Woeiriot, artiste lorrain qui passa sa vie entre Lyon et sa région natale[19]. D’ailleurs, si le nom de Tieffenbrucker fut francisé en Duiffoprouggar lors de son mariage, n’aurait-il pas été latinisé en Tyversus ? Mais subsiste la question du décalage chronologique entre la vie de Tieffenbrucker (1515-1571) et la date des premières mentions de faiseurs de violons à Mirecourt. Un relais est nécessaire, et rien ne l’indique, pour le moment.

Les premiers violons et luthiers de Mirecourt au début du XVIIe siècle : des instruments rustiques ?

Lors de la présence de la cour ducale à Mirecourt, on les mentionne sous le nom de « violons » ; en 1605, Jean de Fourcelle ; en 1611, Barbelin le Violon ; en 1615-1619, on parle des « joueurs de violons », mais ils ont une réputation médiocre, proche d’une situation misérable[20]. D’autres joueurs sont signalés pour les fêtes : Nicolas Gérard, tailleur d’habits, Thomas Bartemain, sellier et Nicolas Menuisier. Des joueurs sont aussi qualifiés de « façonneurs » : Nicolas Gérard en 1618 – est-ce le fils du tailleur d’habits ? –, Demange Aulbertin, « menuisier et façonneur de violons » en 1623. Quelles relations avaient-ils avec les musiciens de Nancy, venus à Mirecourt avec le duc ?

Les registres d’impositions indiquent Dieudonné Montfort, maître joueur et faiseur de violons en 1625 et 1629, marchand en 1635. On le voit apparaître dans plusieurs contrats d’apprentissage, le premier en 1625 lorsque Claude George serrurier lui confie son fils pour apprendre son métier[21] ; le deuxième date de 1629, Dieudonné Montfort forme Adrian Charles lui apprenant « à jouer et façonner les instruments de violons, vielles et autres de sa profession »[22] ; en 1635, un troisième contrat mentionne qu’Adrian Charles, « joueur de violon, jeune fils de Mirecourt », formera Nicolas Mathieu, il lui apprendra « à faire et parfaire instruments tant violons que tous autres, sans lui en rien cacher, même de lui apprendre à vernir lesdits instruments, lui enseigner à jouer desdits instruments, comme bon maître doit faire » et, lors des fêtes où joueront Adrian Charles et Nicolas Mathieu, Dieudonné Montfort touchera des gains et profits[23], ce qui semble prouver que les revenus des fêtes étaient plus importants que ceux tirés de la fabrication des violons et donc que ceux-ci devaient être de qualité médiocre, issus des traditions populaires, et destinés à un usage local[24].

Mais la guerre de Trente Ans arrête l’activité de la lutherie à Mirecourt, Adrian Charles n’aura pas de successeurs et disparaît des sources écrites après 1635. Au contraire, Dieudonné Montfort se reconvertit dans le commerce – vins, blé et viandes –, sa présence dans de nombreux actes notariés, repérés par l’abbé de Gonneville, en témoigne. Il participe aux collectes de fonds pour faire face aux dépenses de la guerre, s’engage en 1648, pour une dizaine d’années, dans un commerce de dentelles vers l’Espagne et l’Italie, avant de revenir à Mirecourt au moment de la paix, considérablement enrichi et ayant des connaissances sur les voies et réseaux du commerce. Il exerce aussi des fonctions publiques à Mirecourt, fermier d’une imposition extraordinaire sur les grains sortant de la ville en 1639, gouverneur des revenus de l’hôpital en 1668 et maire en 1670, avant de mourir le 25 octobre 1672[25].

Dans le dernier tiers du XVIIe siècle : les disciples de Dieudonné Montfort, fondateurs de dynasties

Au lendemain de la guerre de Trente Ans, Dieudonné Montfort, revenu de ses voyages et se tournant de nouveau vers la musique (il est mentionné dans le rôle d’imposition de 1665 comme « faiseur de violons[26] »), forme sans doute quatre nouveaux luthiers : Nicolas Regnault, qui est surtout un marchand, Jean Dominique Waltrin, François Mougenot et Charles Treuillot. Plusieurs documents, actes notariés et contrats d’apprentissages attestent de relations suivies entre Dieudonné Montfort et ces quatre facteurs de violons, le terme de luthier n’étant pas encore utilisé[27].

Les registres de subvention mentionnent régulièrement François Mougenot comme facteur de violons, en 1703, 1705, 1731 ; il habite dans le faubourg de Poussay où il possède une maison « dont il doit le prix » en 1706[28] ; assez riche, il appartient à la catégorie fiscale A[29] en 1715, B ensuite. Jean Dominique Waltrin, facteur de violon en 1703 et 1711, non propriétaire de sa maison, se trouve dans la classe A des imposés ; il meurt avant 1715. Charles Treuillot, facteur de violons en 1703 jusque 1715, est en catégorie B[30]. Les ancêtres des grands luthiers du XIXe siècle n’exercent pas ce métier contrairement aux affirmations des luthiers historiens[31].

Ces luthiers sont aussi mentionnés dans des contrats d’apprentissage. Claude François Waltrin, « maître menuisier », forme en 1673 Nicolas Chastel ; il doit « même [lui montrer] à façonner des violons[32] ». Nicolas Regnault, « maître faiseur et joueur de violon à Mirecourt », forme en 1682 Nicolas Masson[33]. Ces contrats montrent encore une faible spécialisation des « luthiers », ils sont à la fois facteur d’instrument et joueur, voire simplement menuisier.

Quelle est la valeur des instruments qu’ils fabriquent ? Il est difficile de le dire car on n’en connaît aucun. Sont-ils des violons rustiques, semblables à ceux fabriqués avant la guerre de Trente Ans, ou sont-ils des violons ayant une certaine qualité, influencés par ceux qu’on fabrique au même moment en Italie ou en Allemagne ? Dans ce cas, qui aurait pu rapporter des modèles ? Dieudonné Montfort, revenant d’Italie ou de Lyon, où il commerce souvent ? Ce qui pourrait faire pencher vers l’hypothèse d’une meilleure qualité, ce sont les deux ventes signalées par Noëlle Gouillard : l’une réalisée en 1673 par Nicolas Regnault, une basse et trois violons, avec un commerçant de Lyon et qui a donné lieu à un procès[34], l’autre par Jean-Dominique Waltrin qui promet, la même année, de vendre des « violons bien faits et bons, de sa façon et non d’une autre » à François Trial, marchand de Mirecourt[35]. Serait-ce un signe de violons de qualité susceptibles d’être vendus au loin ?

La deuxième génération du début du XVIIIe siècle : des instruments de qualité ?

À cette première génération de luthiers mirecurtiens succède, à partir de 1700, une seconde génération de quatre à cinq luthiers issus des familles des disciples de Dieudonné Montfort : Jean Treuillot, fils de Charles, luthier mentionné de 1705 à 1715, catégorie fiscale A ; Joseph Treuillot, fils de Claude à partir de 1703, catégorie A ; Joseph Waltrin, fils de Jean Dominique, à partir de 1715, catégories a et A ; François Mougenot, fils de François, fabricant de violon de 1703 à 1725, catégories A et B. Ils profitent des circuits commerciaux de Dieudonné Montfort, mais ils ont des revenus moins élevés que leurs prédécesseurs ; ils exercent encore une double fonction d’artisan et de musicien. Au niveau européen, la lutherie cherche sa voie ; à Crémone, ce sont les recherches de Stradivarius ; à Paris, c’est l’essor des cordes pincées ; à Mirecourt, ce serait plutôt les violons ?

 

On assiste donc, entre 1620 et 1720, à la lente naissance de la lutherie à Mirecourt, mais on n’a pas conservé d’instruments de ces facteurs, alors qu’en Italie à la même époque on conserve les chefs- d’œuvre de Guarneri et de Stradivarius, qui fixent à ce moment les canons de la fabrication des violons. À Paris, les grands luthiers du siècle de Louis XIII et de Louis XIV privilégient les instruments nobles, théorbes, angéliques, cistres et luths et ne donnent qu’une place réduite aux violons et violons poche. Les inventaires après décès, analysés par Catherine Massip[36], le prouvent amplement. Jean Desmoulins, fabricant de luths, a chez lui, au moment de son décès en 1648, 59 guitares, 15 théorbes, 26 mandores, 2 angéliques, 2 cistres et 249 luths[37] ; Fiacre Preponnier, en 1638, possède 108 mandores, 39 luths, 60 guitares et 30 poches ; Jacques Dumesnil (en 1663) : 57 luths, 3 théorbes, 1 angélique, 8 violons, 41 pochettes[38]. René Voboan est le grand fabricant de guitares, alors que Sainte Colombe et Marin Marais sont les violistes du roi, le second de 1678 à 1733. On est loin d’une telle opulence à Mirecourt.

L’essor de la lutherie mirecurtienne au XVIIIe siècle

Assez brusquement, le nombre des luthiers mirecurtiens augmente : de quatre ou cinq de 1703 à 1721, on passe à huit en 1725, avec de nouveaux noms – Chartrin, Jacob Pacherel, Claude Miquel, Pierre Paul Marchal[39] – ; une trentaine en 1741 et soixante-deux en 1758 auxquels s’ajoutent des facteurs d’archets, de serinettes et des marchands luthiers[40]. À la veille de la Révolution, c’est plus de cent facteurs d’instruments et de marchands qui travaillent à Mirecourt.

Ce grand groupe commence à être bien connu grâce à un ensemble de sources qui fournissent des données cohérentes et qu’il importe de croiser pour mettre en évidence la diversification croissante du groupe, tant socialement que professionnellement, son milieu de vie et surtout son activité de lutherie.

Sources et méthodes

Les sources archivistiques sont très abondantes et mériteraient d’être traitées de façon exhaustive. Il s’agit des rôles d’imposition, des inventaires après décès, des données généalogiques et des instruments qui ont été conservés…

Les rôles d’imposition, établis chaque année depuis 1665, et conservés en une série presque continue jusque 1789, renseignent sur les nom et prénom, le métier, le taux d’imposition et la somme à payer chaque année. Le taux est établi en fonction de la richesse de la personne, il augmente avec l’enrichissement, alors que la somme à payer varie avec les besoins du duché de Lorraine jusque 1766, de la France ensuite. Les taux et métiers ont été relevés pour 18 années espacées plus ou moins régulièrement entre 1703 et 1787. Pour plusieurs années, on a calculé la moyenne annuelle des impositions, repéré le taux moyen et réparti les taux entre des classes de croissance géométrique autour de la moyenne[41] (voir note 24).

Trente-cinq inventaires après décès ont été repérés par l’abbé de Gonneville et Noëlle Gouillard les a mentionnés dans sa thèse. Leur dépouillement systématique a été refait à partir des originaux des archives départementales. Les biens inventoriés ont été codés[42], par nature, nombre et prix, puis enregistrés dans une base de données. Des contrats notariaux existent aussi, qu’il serait intéressant d’exploiter.

Les données généalogiques ont été dépouillées depuis de longues années par Évelyne Bonétat, puis Roland Terrier[43]. Nous utiliserons leurs précieux renseignements, notamment les tableaux généalogiques.

Enfin, des instruments de Mirecourt du XVIIIe siècle, notamment de sa seconde moitié, existent encore de nos jours et leur étude, menée par des luthiers, apportent bien des éclaircissements sur le style, italien, allemands ou parisiens, et sur les techniques utilisées.

Le croisement de toutes ces sources et la mise en commun de toutes les compétences peuvent permettre une approche plus solide de la lutherie mirecurtienne et comprendre sa remarquable expansion.

Des facteurs d’instruments plus nombreux et de plus en plus divers

L’augmentation du nombre des luthiers et facteurs d’instruments s’accompagne d’une diversification du métier et d’une spécialisation. La double profession disparaît peu à peu, on voit encore un luthier et menuisier, un luthier et potier d’étain, alors qu’apparaissent les facteurs d’archets, les facteurs de serinettes et surtout les marchands de violons qui dominent les artisans.

 

 

facteur de violons

facteur de serinettes

facteur d'archets

marchand de violons

total

1711

4

 

 

 

4

1718

3

 

 

 

3

1721

4

 

 

 

4

1725

8

 

 

 

8

1731

13

 

 

 

13

1738

25

 

 

 

25

1741

31

2

 

1

34

1748

32

3

 

9

44

1758

62

6

5

10

83

1776

73

11

11

25

120

1780

71

17

10

17

115

1787

72

17

9

12

110

Doc. 1 : Nombre des luthiers et facteurs d’instruments de Mirecourt, 1711-1787.

Sources : Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / CC 1 à 17 ; Noëlle Gouillard, op. cit., p. 215-234.

Le milieu des artisans se diversifie aussi du point de vue de leur fortune, c’est ce que révèlent les rôles d’imposition et leur traitement selon la méthode des classes d’imposition : 70% des impositions des luthiers se placent sous la moyenne dans la catégorie a, b, c et d, et 30% dans les catégories A et B, mais on peut dire aussi que plus de la moitié se trouve dans les deux catégories autour de la moyenne, A et a. Peu de luthiers appartiennent aux catégories les plus aisées mais peu de luthiers sont très pauvres :

Doc. 2 : Répartition des luthiers entre les classes d’imposition pour les années entre 1703 et 1787.

Cette répartition évolue au cours du XVIIIe siècle avec un élargissement du contraste fiscal, donc des revenus, entre les luthiers : les places relatives des catégories A, a et b ne changent pas beaucoup, mais le groupe des luthiers pauvres apparaît au milieu du siècle et atteint 20% en 1787.

 

années

Total

Ind.

D

C

B

A

a

b

c

d

ex

1703

6

 

 

 

1

1

1

2

 

1

 

1706

7

 

 

 

1

4

1

 

 

1

 

1711

5

 

 

 

1

4

 

 

 

 

 

1718

5

 

 

 

2

2

1

 

 

 

 

1721

5

 

 

 

2

2

1

 

 

 

 

1725

8

 

 

 

2

3

3

 

 

 

 

1731

13

 

 

 

3

2

6

2

 

 

 

1738

23

 

 

 

2

3

10

8

 

 

 

1741

37

 

 

 

2

9

14

12

 

 

 

1748

46

 

 

 

3

10

17

13

3

 

 

1753

75

14

 

 

2

13

24

20

1

 

1

1758

94

 

 

 

4

19

39

24

2

 

6

1762

95

 

 

 

6

14

32

29

5

 

9

1766

105

 

 

1

5

18

36

28

12

 

5

1770

112

1

 

1

5

18

29

37

20

 

1

1776

115

 

1

 

6

21

27

38

16

 

6

1780

116

 

1

 

7

24

34

28

21

1

 

1785

122

23

 

 

6

18

29

30

6

 

10

1787

113

 

1

 

4

19

34

30

8

 

17

Total

1102

38

3

2

64

204

338

301

94

3

55

%

 

 

0,27

0,18

5,81

18,5

30,7

27,3

8,53

0,27

4,99

Doc. 3 : Classes fiscales des luthiers et facteurs d’instruments de Mirecourt, 1703-1787.

Cette approche statistique peut être affinée et complétée par les données des inventaires après décès. Les trente-cinq luthiers étudiés ont été répartis en trois catégories selon la valeur totale des biens : luthiers riches (valeur supérieure à 2000 livres), luthiers aisés (entre 800 et 2000 livres) et luthiers pauvres (inférieur à 800 livres). Les biens ont été répartis en cinq catégories : biens propres à la lutherie (outils, matériaux, instruments finis ou semi-finis), biens ménagers (meubles, matériel de cuisine, linge et habits), biens agricoles (matériel et produits agricoles ou de vinification), biens commerciaux (produits textiles ou dentelles en magasin, matériel pour la vente), enfin argent sous forme de monnaie. Le résultat global donne cette répartition :

 

 catégories

nb de luthiers

Valeur totale

lutherie

biens ménagers

biens agricoles

biens commerciaux

argent liquide

riches

10

7233

519

1331

1108

2048

2228

aisés

15

1137

240

626

123

99

48

pauvres

10

257

50

167

33

4

3

Doc. 4 : Valeur moyenne (en livres) par personne des biens des luthiers d’après les inventaires après décès (1738-1784).

L’inégalité sociale est évidente entre la fortune des plus riches et la pauvreté d’une dizaine de luthiers et cette inégalité se reflète nettement dans la place relative des différents biens lors des inventaires. Les données de la subvention et des inventaires après décès sont assez cohérentes entre elles :

 catégories

nb de luthiers

Classe B

A

a

b

c

ind

riches

10

5

2

 

 

 

3

aisés

15

 

9

5

1

 

 

pauvres

10

 

1

1

3

2

3

Doc. 5 : Comparaison des données des rôles de subvention et des inventaires après décès.

Enfin, ce groupe de facteurs d’instruments habite de plus en plus dans la rue Basse de Mirecourt. Si les deux premières générations de luthiers habitaient rue Haute (le premier quartier) et faubourg de Poussay, les nouveaux luthiers habitent en grande majorité dans la rue Basse qui est depuis longtemps le quartier des artisans.

Doc. 6 : Quartiers d’habitation des luthiers.

Cadre de vie et outillage des luthiers

Les inventaires après décès révèlent le cadre de vie des luthiers, habitation, matériel de cuisine, habillement et contenu de la « boutique ». Ils mettent en évidence leurs inégalités sociales, même si bien des points communs apparaissent.

Résidence et équipement ménager des luthiers

La maison type du luthier est une petite maison avec une boutique, un atelier, une ou deux chambres avec peu de meubles : un lit avec plumon, traversin, rideaux, une armoire au moins dans toutes les maisons, une fois sur deux un coffre ; une cuisine avec peu de meubles : une table souvent pliante en sapin, des chaises en paille et chêne, partout des maies, du matériel pour cuisiner, de nombreux récipients en airain pour la cuisson sur feu dans la cheminée, quelques objets pour manger, assiettes, cuillers, fourchettes ; une cave parfois avec tonneaux et matériel de vendange ; du linge assez révélateur de la richesse (chemises, vestes, culottes, gilets, bas de laine ou de coton, draps, nappes, serviettes).

Quelques meubles ou éléments d’ameublement sont discriminants : plusieurs armoires dans les maisons riches ou aisées, une seule chez les plus pauvres ; des tapisseries « de Nancy » dans cinq intérieurs parmi les plus riches ; des cadres : plusieurs dizaines dans la première catégorie, quelques-uns chez les aisés, aucun chez les plus pauvres ; cinq commodes chez les plus riches, pas ailleurs ; des rideaux aux fenêtres et des miroirs dans les deux premières catégories, mais peu chez les pauvres ;

Dans la boutique des luthiers

Les inventaires après décès dressent la liste souvent exhaustive des outils, du matériel du luthier, sur les 25 inventaires de luthiers étudiés :

-          matériel de base : 30 bancs et 3 établis, 58 valets de ban et 41 étaux, 31 happes[44]

-          outils : 273 gouges, 15 râpes, 88 rabots, 87 scies, 27 compas, 50 ciseaux, 215 limes, 22 marteaux, 31 fers à plier, 46 varlopes, 43 pinces et 8 tenailles

-          produits : gomme, colle, vernis, vis, clous

-          matrice : 45 moules et gabarits

-          des matériaux : stocks de bois, sapin, ébène ; fonds et tables inachevés.

La valeur de ces outils est peu élevée, quelques dizaines de livres, sauf pour Nicolas Gavot, facteur de serinettes (160 livres en 1766 et 301 livres à sa mort en 1774) dont les outils sont plus  importants et plus nombreux : laminoir, filières, pinces…

Ce sont les instruments, terminés ou non, qui créent de grosses différences dans la fortune des luthiers. Ainsi, Nicolas Jomier possède en 1781, au moment de son décès, 77 violons terminés, 248 violons en blanc et 208 touches, pour une valeur de 516 livres. François Aubry, en 1775 : 115 violons, une basse de viole, 47 archets, 4 guitares pour une valeur de 450 livres. François Chartrain, plus diversifié, possède en 1736 : un archet, une basse de viole, deux basses de violon, un hautbois, une flûte à bec, trois serinettes, une trompette marine, 8 violons et 22 violons en blanc, pour une valeur totale de 123 livres.

Les graphiques ci-dessous présentent l’ensemble des instruments chez les luthiers au moment de l’inventaire après décès.

Doc. 7 : Nombre d’instruments possédés par les luthiers, d’après des inventaires après décès.

Doc. 8 : Valeur (en livres) des instruments possédés par les luthiers, d’après des inventaires après décès.

 Argent monnayé et dettes

La richesse mobilière des luthiers est indiquée en fin d’inventaire : peu d’argent monnayé, peu de biens dans la maison, du blé dans le grenier, parfois des terres à la campagne, quelques animaux. Les données des dettes actives (dues au luthier) et passives (dues par le luthier) sont très inégales d’une personne à l’autre, et témoignent fortement de son aisance ou de sa pauvreté.

Les dettes actives sont surtout de l’argent prêté à d’autres luthiers, à des marchands, à des veuves. Elles sont parfois constituées d’héritages à venir ou de ventes non payées. Les dettes passives s’élevant à quelques dizaines de livres résultent des derniers achats du défunt auprès des commerçants proches – boulanger, boucher, tailleur d’habits, chapelier – des marchand de Mirecourt, mais aussi frais des visites du médecin, frais des obsèques, impôts impayés, etc. Le tout pouvant monter à 400 ou 700 livres. Lorsque les dettes sont plus importantes, elles peuvent provenir du solde d’une maison à payer, ou d’un gros emprunt contacté auprès d’un manieur d’argent.

Des différences considérables apparaissent dans la question du prêt et de l’endettement entre vingt-six luthiers étudiés : trois (Nicolas Benard, François Nicolas et Jean Jomier) prêtent aux marchands et aux luthiers de Mirecourt et des villages proches et ils n’ont pratiquement pas de dettes passives ; treize équilibrent leurs dettes passives et actives autour de 1000 livres ; enfin une dizaine de luthiers pauvres ont quelques dettes envers les marchands ou d’autres artisans, on leur doit aussi quelque argent. Ces données sont cohérentes par rapport à l’argent monnayé inventorié au domicile.

 catégories

nb de luthiers étudiés

Moyenne dettes actives

Moyenne dettes passives

argent liquide

riches

3

35 512

546

2228

aisés

13

1753

1301

48

pauvres

10

240

440

3

Doc. 9 : Endettement des luthiers par groupe, d’après les inventaires après décès. Valeurs exprimées en livres.

Cet aperçu sommaire des conditions de vie et de la richesse des luthiers mériterait de plus amples développements et une étude plus fine pour mieux croiser les données, mais il est évident que l’essor du nombre des luthiers au XVIIIe siècle s’est accompagné d’une diversification sociale forte. Le contraste est majeur entre les maîtres luthiers, qui emploient des compagnons et qui souvent sont aussi marchands, et les luthiers qui travaillent seuls à domicile et qui dépendent de marchands ou de maîtres luthiers. Ces contrastes se voient dans tous les domaines, depuis la qualité de l’ameublement jusqu’au stock d’instruments, en passant par l’habillement et la balance entre dettes actives et passives.

Des instruments et des marques

Le XVIIIe siècle est le moment dont on a conservé les instruments les plus anciens de Mirecourt. Le musée de la lutherie de Mirecourt en abrite quelques-uns. De temps en temps, ces instruments passent entre les mains de luthiers, qui, à l’exemple de Roland Terrier, les recensent alors et les analysent de près.

La comparaison de plusieurs instruments authentifiés, et approximativement datés, donne des renseignements sur les styles en usage à Mirecourt au XVIIIe siècle et leur évolution sur différents aspects[45]. Ces auteurs identifiés par Roland Terrier ont été approximativement datés par son expertise et les années pendant lesquelles ils sont imposés à Mirecourt. Cela permet de distinguer les luthiers de la première moitié, de la seconde moitié et de la fin du XVIIIe siècle, mais on peut les distinguer aussi par leur année de naissance.

première moitié

seconde moitié

fin du XVIIIe siècle

Treuillot

1703-1740

Jean Colin

1748-1780

François Perrin

1780-1787

Claude Claude

1738

Joseph Huguenin

1753-1787

Nicolas Mathieu

1776-1787

 

 

Jean Trocard

1753-1787

 

 

Doc. 10 : Périodes d’imposition des luthiers dont un instrument a été étudié.

 Doc. 11 : Tables de violons de Treuillot (1720), de Jean Trocard (1753), de Joseph Huguenin (1753) et de François Perrin (1780). Coll. et clichés R. Terrier.

Les trois premiers instruments sont construits sur un modèle inspiré de Steiner : ce sont des violons longs, étroits à la poitrine, avec des C très ouverts, des F resserrés vers le haut. Le contraste avec celui de François Perrin est assez évident : le modèle est plus large, les C sont plus refermés, il subit l’influence de Stradivarius et aussi de Guarnérius pour les ouies.

Doc. 12 : Coin et C des instruments de Claude Claude (1738), de Jean Colin ( ), de Jean Trocard (1753) et Nicolas Mathieu( ) Coll. et clichés R. Terrier.

Sur ces quatre instruments, l’aspect très ouvert des C de trois instruments s’oppose à la fermeture relative du C pour le violon de Mathieu. Le contraste de la couleur des vernis est caractéristique de la plus grande partie du XVIIIe siècle : les vernis sont très longtemps dans des tons allant du jaune au presque noir en passant par toute une gamme de bruns ; c’est l’influence des modèles allemands de Steiner. Au contraire, à la fin du siècle apparaissent des teintes lumineuses comparables au vernis italiens, modèle de Stradivarius, ici le violon de Nicolas Mathieu. Enfin ces gros plans permettent de lire l’évolution de la qualité du travail, depuis celui assez grossier de Claude Claude et de Trocard, jusqu’au travail très fin de Jean Colin.

Doc. 13 : Têtes d’instruments de Claude Claude (1738), de Jean Trocard (1753), de Jean Colin et de Nicolas Mathieu (1780). Coll. et clichés R. Terrier.

Cette même différence apparaît dans les têtes d’instruments, depuis les plus grossières et rustiques de Claude et Trocard aux plus fines de Colin et Mathieu.

Doc. 14 : Dos de violons de Treuillot (1720), de Claude Claude (1738), de Jean Trocard (1753) et de Huguenin (1780). Coll. et clichés R. Terrier.

Les dos des violons révèlent que les luthiers ont commencé par utiliser des érables très pauvres et peu ondés, sauf Huguenin qui a laissé un beau violon ondé. Les tables sont souvent en sapin (très pauvre pour Claude Claude) et rarement en épicéa.

Les luthiers et les autres

Ce grand nombre de luthiers à Mirecourt au XVIIIe siècle doit amener à s’interroger sur les rapports sociaux des luthiers : comment s’organisent-ils entre eux ? Quelle est la place et l’importance de la corporation créée en 1732 ? A-t-elle une réelle activité ? D’autre part, des liens familiaux se constituent-ils entre luthiers ? Des dynasties sont bien connues au XIXe siècle, ont-elles leurs racines au XVIII? Des alliances matrimoniales se constituent-elles dès ce moment ? Le recours aux tableaux généalogiques de Roland Terrier est indispensable pour répondre à cette question, sauf à refaire son travail. Enfin, le grand mouvement de migration vers Paris, caractéristique du XIXe siècle est-il commencé ?

La charte des luthiers et la corporation

Tous les ouvrages donnent comme origine à l’organisation des luthiers la charte de 1732. Or, une organisation a préexisté, en témoigne les trois « registres pour les affirmations des corps de métiers », qui contiennent, de 1721 à 1751, les prestations de serments des maîtres et responsables des corporations mirecurtiennes[46].

Doc. 15 : Prestation de serment du corps de facteurs d’instruments de Mirecourt, 2 janvier 1721 Arch. dép. Vosges, B 931.

Les 2 janvier 1721, 11 novembre 1722 et 1er décembre 1731, les maîtres et compagnons luthiers de Mirecourt ont comparu trois fois devant le lieutenant général du bailliage de Vosges pour prêter serment de « fidèlement s’acquitter de leurs tâches » comme les autres maîtres des corps de drapiers, cordonniers, tissiers, tailleurs d’habits… et même de vignerons. Contrairement aux autres corps, cette prestation de serment est loin d’être annuelle et les fonctions des personnes qui prêtent serment ne sont guère continues :

 

1721

1722

1731

26 mai 1732

Nom du corps

Facteurs d’instruments

Facteurs et joueurs d’instruments

luitiers

luthiers

Maître

Joseph Treuillot

Joseph Treuillot

Jean Treuillot

Jean Treuillot

Lieutenant

 

Joseph Valtrin

Dominique Bourdot

 

Visiteur

 

 

Joseph Treuillot

 

Doyen

Joseph Valtrin

 

François Mougenot

 

Sergent

 

Antoine Gramissé

 

 

Doc. 16 : Tableau des responsables du corps des luthiers avant la corporation. Arch. dép. Vosges, B 931.

La quatrième fois est explicitement postérieure à la création de la « frairie » par « Madame la Régente » :

«  Aujourd’hui 26 mai 1732 la frairie des maîtres luitiers de cette ville, en conséquence des chartres qu’ils ont obtenues de SAR Madame Régente le              dernier, nous ont présentés pour maître Jean Treuillot, duquel nous avons pris et reçu le serment en tel cas requis de faire fidèlement les fonctions, en présence et à la participation du procureur de SAR… Louis Alba. »[47]

Cette création est très tardive par rapport à la plupart des autres corporations de Mirecourt[48] et par rapport à l’évolution générale des métiers. Elle est la conséquence de l’augmentation du nombre des luthiers et cette organisation du métier accompagne une très forte augmentation ; en est-elle la cause ?

Le corps est créé le 15 mai 1732 par le duc François III, au cours de son bref règne ; il établit par lettre patente, signée par la régente Elisabeth Charlotte, la corporation des luthiers, corps de maîtrise pour les maîtres luthiers et faiseurs de violons de Mirecourt. Sainte Cécile est la patronne des luthiers et un service religieux est dû chaque année « pour les confrères défunts » (art. 1). La charte décrit l’organisation de la corporation et le rôle des maîtres. Elle est dirigée par un maître, deux échevins et un doyen, élus pour 3 ans (art. 2). Le maître tient un registre pour les recettes et dépenses de la corporation (art. 9) et il convoque le corps en assemblée (art. 12). Le maître et les deux échevins visitent les ouvriers, quatre fois par an (art 6), ils contrôlent leurs ouvrages, peuvent mettre des amendes et même saisir les instruments s’ils sont mal faits (art. 4). Chaque pièce et chaque instrument sont marqués « en caractères imprimés » par le maître en charge (art. 7). Les maîtres contrôlent également les arrivées de bois propres à faire des instruments (art. 11).

La charte contient une réglementation de l’entrée dans le métier : chaque futur luthier doit faire dix-huit mois d’apprentissage et un chef-d’œuvre ; il doit payer un droit de réception de 50 F barrois, mais les fils de maître et ceux qui épousent une veuve n’en doivent que la moitié. Ce droit de réception est versé pour moitié au domaine et l’autre moitié à la confrérie (art. 3). Chaque apprenti est tenu de payer à son entrée 5 F et une livre de cire « à la patronne » (art. 5).

Cette organisation très classique, assez semblable à celle des autres métiers de Mirecourt, avec des coûts d’entrée assez bas, donne un cadre à l’activité et permet, théoriquement, de contrôler la qualité des instruments. Après cette création, les « maîtres et compagnons luthiers de Mirecourt » continuent de prêter serment[49] :

 

3 décembre 1734

3 mars 1738

25 novembre 1742

27 novembre 1746

Maître

Renaud Henry

Jean Claude Antoine

Jean Le Noir

Claude Rémy jeune

Lieutenant

Joseph Treuillot

Renaud Henry

Claude Rémy

François Chartrin

Visiteurs

Claude Claude

Sébastien Bourdot

Antoine Gérardin

Jean Linger

Jean Claude Antoine

Claude Rémy

Jean Colin

J Baptiste Frebinet

Doyen

Claude Rémy l’aîné

Joseph Gaulard

Jean François

Jean Colin

Doc. 16 : Tableau des responsables de la corporation des luthiers. Arch. dép. Vosges, B 931.

Ces prestations de serment, très espacées, alors que les drapiers et les cordonniers prêtent serment tous les ans, semblent indiquer que cette corporation n’est pas très active. De plus, les sources se trouvant dans les archives municipales de Mirecourt sont bien maigres[50] : pas de procès-verbaux de réunions, pas de comptabilité, pas de procès-verbaux d’élections de maîtres. Les archives de la corporation comprenaient, en 1776, « un parchemin faisant charte au profit des luthiers datée du 15 mai 1732, un registre en papier timbré, coté et paraphé contenant 49 feuillets, commencé le 1er février 1741 écrit jusqu’au douzième feuillet successivement, servant à écrire et enregistrer les hans ou réception des maîtres, un second registre en papier libre, commencé en 1762 fini en 1746 (sic), écrit au commencement et à la fin et par intervalle, nombre de papiers comme feuilles d’industrie, pièces déposées épars et sans ordre »[51]. Ces éléments témoignent d’une activité faible : des papiers sans ordre et seulement une douzaine de pages en 25 ans dans le registre de réception des maîtres, alors que le nombre des luthiers a fortement augmenté !

La fin de la corporation des luthiers

En 1776, Turgot, Contrôleur général des Finances, ordonne une enquête sur les corporations. Le constat est sévère, mais semblable aux autres corporations de Mirecourt : « aucun immeuble réel ni fictif, aucun argent en caisse, seulement un coffre pour mettre les papiers du corps, quatre torches servant aux enterrements des confrères et deux bâtons pour porter les corps et un vieux drap mortuaire, qui peut valoir 30 livres »[52] ; aucune dette passive ; à la sainte Cécile, on fait un service pour la patronne et le lendemain un autre pour les défunts ; « il y a dans le corps une confrérie de sainte Cécile mais il n’y a pas de chapelle fondée » ; tous les trois ans on rend compte, mais depuis trois ans il n’a pas été fait de visites et le dernier compte date du 23 novembre 1775[53].

Turgot supprime les corporations en septembre 1776, et l’intendant donne l’ordre aux subdélégués de mettre les scellés sur les papiers des corporations. C’est chose faite le 30 septembre, à Mirecourt : le subdélégué, George François Ignace Claudel, accompagné d’un secrétaire et d’un sergent de ville, passe de corporation en corporation. Chez Nicolas Laroche, dépositaire des papiers des luthiers, il se fait présenter « un coffre de bois de chêne carré » contenant argent, titres et papiers et y pose les scellés avec défense de les briser ; la corporation possède aussi quatre torches pour les enterrements et un drap mortuaire ; procès verbal est dressé[54]. Le 15 octobre, Claudel et ses adjoints retournent chez les dépositaires des corporations, ouvrent les coffres et font l’inventaire des papiers. Chez Nicolas Laroche, dépositaire des papiers des luthiers, il inventorie les papiers mentionnés ci-dessus et lui demande si « le corps avait contracté des dettes actives ou passives, [Laroche] a répondu qu’il n’était rien dû au corps, mais qu’il lui devait trois livres dix sols de France pour avances faites au procès concernant la douane dans lequel le corps est intriqué ; en outre 24 sols de France pour avoir fait faire la copie de leur charte pour nous la remettre »[55]. C’est un nouveau témoignage de la faible activité de la corporation, comme presque toutes celles de Mirecourt. Enfin, le 6 mai 1780, les coffres et les torches de tous les corps de Mirecourt sont vendus, ceux des luthiers sont vendus 20 livres à Joseph Thiriot[56].

Les luthiers protestent tardivement contre la suppression du corps. Comme Turgot a été renvoyé, une nouvelle corporation est créée, celle des menuisiers, ébénistes qui inclut les luthiers. Ceux-ci protestent affirmant que leur métier « n’a rien de commun avec celui des autres ouvriers en bois » et ils demandent de former avec les autres facteurs d’instruments « une communauté séparée ». Sur intervention de François de Neufchâteau, alors lieutenant général du bailliage de Mirecourt, les luthiers peuvent se séparer des métiers du bois et le corps est rétabli[57]. Lors de la préparation des États généraux, les luthiers désignent un délégué à l’assemblée de la ville, c’est Alexis Boyé, un luthier parmi les moins aisés, choix assez inattendu car, souvent, ce sont les notables des corporations qui sont désignés.

Les dynasties de luthiers

Les dynasties de luthiers du XIXe siècle commencent-elles dès le XVIIIe siècle ? Quelles alliances matrimoniales se mettent en place ? Un phénomène de caste se constitue-t-il ?

À Mirecourt, parmi les 350 luthiers recensés dans les rôles de subvention, on voit apparaître des homonymies ; à quoi correspondent-elles ? Des frères, des cousins, des fils qui succèdent à leur père ? Le recours aux tableaux généalogiques dressés par Roland Terrier permet de répondre à ces questions ! Nous n’aborderons que quelques cas, à titre d’exemples, mais il faudra reprendre tout systématiquement.

Nous avons parlé plus haut des Treuillot, Mougenot et Waltrin, de leur filiation. Seuls la dynastie Mougenot continue, mais indirectement : François Mougenot, fils de François, est fabricant de violon de 1703 à 1731, puis un autre François Mougenot est mentionné luthier en 1776 et 1780[58]. Qui est-il par rapport au précédent ? Un fils ?

Les rôles de subventions mentionnent quatre Leblanc, luthiers entre 1753 et 1787 : quel lien de parenté ? Le tableau « Leblanc » de Roland donne la réponse : Jean, Nicolas et Claude sont trois frères, nés respectivement en 1734, 1730 et 1735. Claude, qui commence à exercer en 1787, est né en 1759, fils de Claude. Nicolas et Jean sont morts de bonne heure, vers 1760, ce qui explique et confirme le tableau des impositions.  

n°id

nom

prénom

surnom

1753

1758

1762

1766

1770

1776

1780

1785

1787

14124

Leblanc

Jean

 

111

111

 

 

 

 

 

 

 

14125

Leblanc

Nicolas

 

111

111

 

 

 

 

 

 

 

722

Leblanc

Claude

 

 

 

111

111

111

111

111

111

111

14230

Leblanc

Claude

fils ?

 

 

 

 

 

 

 

 

111

Doc. 17 :Tableau des Leblanc, tiré de la base de données Luthiers de JP Rothiot.

111 est le numéro de métier qui correspond à luthier.

Le tableau généalogique est bien plus riche puisqu’il indique que Claude Leblanc aîné a un fils luthier, et deux filles qui épousent, l’une Pierre François Charotte, à l’origine de la dynastie Charotte et l’autre Claude Louis Dessale, facteur d’orgue et de serinette. Dans la génération suivante, on compte quatre luthiers, dont un est à l’origine de la dynastie Harmand. Anne Catherine, sœur de Claude aîné, épouse Joseph Huguenin, luthier, et cinq garçons naissent entre 1752 et 1766 ; tous deviennent luthiers ! Bel exemple de dynastie qui se lie avec d’autres familles de luthiers[59].

 

   Doc. 18 : Généalogie simplifiée des Leblanc d’après le tableau de Roland Terrier. En gras les facteurs d’instruments.

Le XVIIIe siècle est aussi le début de la dynastie Duchêne : Nicolas, né en 1746 et mort en 1813, fils d’un refendeur de Jorxey, facteur d’archets, actif révolutionnaire, est le père de deux facteurs d’archets (Jacques Philippe et Nicolas) et d’un luthier-marchand (Jean Charles Joseph) et grand-père de quatre luthiers, marchands d’instruments de la première moitié du XIXe siècle[60].

 

La dynastie Gavot naît aussi au milieu du siècle : Nicolas, né en 1715 à Vomécourt-sur-Madon, est mentionné comme facteur de serinettes de 1748 à 1770, il meurt en 1774[61] ; deux fils lui succèdent : Nicolas, né en 1737, et Henri, né en 1751, tous les deux facteurs de serinettes, le premier à partir de 1762, le second à partir de 1780 ; sa fille Marie-Anne épouse Jean Claude Parisot, facteur d’orgues ; aux générations suivantes, un fils et deux petits-fils de Nicolas Gavot jeune sont facteurs d’orgues à Bourbonne-les-Bains[62].

 

n°id

nom

prénom

surnom

1748

1753

1758

1762

1766

1770

1776

1780

1785

1787

14084

Gavot

Nicolas

père IADF 1766 IAD 1774

111

68

68

68

68

68

 

 

 

 

499

Gavot

Nicolas

fils

 

 

 

68

68

68

68

68

68

68

5964

Gavot

Henri

 

 

 

 

 

 

 

 

68

68

 

Doc. 19 : Tableau des Gavot, tiré de la base de données Luthiers de JP Rothiot.

68 est le numéro de métier qui correspond à facteur de serinettes.

 Ces trois exemples, pris parmi d’autres, montrent bien le début de dynasties de luthiers qui se développent au XVIIIe siècle et se prolongent au XIXe. Mais tous ces luthiers qui se multiplient pouvaient-ils rester à Mirecourt ? Y avait-il assez de débouchés pour leurs productions ? L’attraction du marché parisien se fait-elle sentir dès cette époque ?

L’attraction de Paris

Il est bien connu que les luthiers mirecurtiens sont partis à Paris pour se former et faire fortune. Les exemples sont nombreux et connus au XIXe siècle, mais, dès le XVIIIe, le mouvement commence ; cependant il n’est pas très facile de repérer qui monte à Paris, qui y reste, pour combien de temps…

Dès le début du XVIIIe siècle, on trouve des violons de Mirecourt et de Lorraine (sans précision) dans les inventaires après décès à Paris. Chez Nicolas Bertrand, mort en 1725, on trouve « 42 violons de Treuillot estimés à 6 livres pièce et 18 de Dieulafait » ; «  dix-huit violons de la façon du sieur Treuillot[63] dont douze vernis et six non vernis prisé à raison de 20 livres chacun », chez Jacques Boquay, mort en 1730[64] ; « vingt neuf violons de Lorraine […] prisé ensemble 153 livres », chez Jacques Dyjacque dit Henry, né à Puzieux en 1704, mort en 1739[65] ; « trente violons de Loraine prisé à raison de 20 sols pièce », chez Jean Ouvard, en 1748[66] ; « une basse de Loraine prisée la somme de quatre livres » chez Jean Baptiste Deshayes dit Salomon, en 1767[67].

Des luthiers originaires de Mirecourt ou de ses environs ont été repérés à Paris : un certain Treuillot (ou Trevillot) est mentionné comme « garçon » travaillant chez Boquay[68] ; est-ce ce Jean Treuillot, né à Poussay en 1697, mort à Paris en 1749 ?

Roland Terrier a relevé les noms de Justin Bastien, né à Juvaincourt en 1648, mort à Paris en 1724 ; Jean Noël Lambert, né à Saint-Laurent en 1708, mort à Paris en 1759 ; Mathurin François Remy, né à Poussay en 1731, mort à Paris en 1775 ; Joseph Bassot, 1750-1808 ; Jean Baptiste Henry, 1758-1831 ; Nicolas Lupot, 1758-1824 ; François Nicolas, 1758-1816 ; Jacob Eury, 1765-1848[69].

Le plus célèbre des luthiers d’origine mirecurtienne est Léopold Renaudin, grand luthier qui s’inspire de Stradivarius ; né en 1749 à Saint-Rémy près de Raon-l’Étape, son père était cordonnier à Mirecourt puis à Raon. Il fait son apprentissage de luthier à Mirecourt puis monte à Paris en 1765 à 16 ans. Il se marie en 1771 et travaille au 3e étage d’une maison située à l’angle de la rue Saint-Honoré. Il imite le premier Stradivarius. C’est un habile raccommodeur de violon. Il est luthier de l’Académie royale de musique en 1783. En 1789, il adhère à la Révolution, il est élu « électeur » en août 1792. En 1793, il siège à la Commune de Paris ; Robespierriste fervent, il participe aux séances du club des Jacobins, il suit les séances de la Convention. Le 2 septembre 1793, il est nommé juré au tribunal révolutionnaire, rend des jugements aux côtés de Fouquier-Tinville. Il intervient lors de l’affaire des cloches, reçoit la dénonciation de Magnien et obtient du comité de sûreté générale l’arrestation de Jeandel[70] ; lors du procès des Mirecurtiens, en nivôse an II, il aurait obtenu leur acquittement[71]. Arrêté le 9 thermidor, emprisonné, interrogé an mars 1795, jugé fin avril, il est condamné à mort et exécuté le 7 mai 1796[72].

 Ces analyses croisées des sources archivistiques et des expertises sur les instruments amènent à une conclusion formelle : la lutherie mirecurtienne, née au plus tôt à la fin du XVIIe siècle, n’a connu un essor important que dans le seconde moitié du XVIIIe, sur des modèles inspirés de Steiner. L’influence des Italiens et de Stradivarius n’intervient que tardivement à la fin du XVIIIe siècle. L’essor de la lutherie se marque par une forte augmentation des effectifs due à l’entrée dans le métier de nombreux membres de familles et à l’arrivée à Mirecourt de jeunes gens venant des villages voisins. Il s’accompagne d’une différenciation sociale forte non seulement entre maîtres et compagnons, mais aussi entre luthiers manieurs d’argent et luthiers dépendants.

 

[1] Albert Jacquot, La lutherie lorraine et  française depuis les origines jusqu’à nos jours, Paris, Librairie Fischbacher, 1912 ; René Vannes, Dictionnaire universel des luthiers, Les amis de la musique, troisième édition revue et augmentée, 1975.

[2] Jean-Paul Rothiot, Mirecourt de 1589 à 1729, mémoire de maîtrise sous la direction de Guy Cabourdin, université de Nancy, 1973, 222 p. dactyl.

[3] Noëlle Gouillard, Les luthiers de Mirecourt aux XVIIe et XVIIIe siècles, thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe, 1983, 316 p. Un article a été tiré de cette thèse, présenté lors des journées d’études vosgiennes de Mirecourt en mai 1982 et publié sous le même titre dans Mirecourt et Poussay, acte de ces JEV, p. 59-64.

[4] Sylvette Milliot, Histoire de la lutherie parisienne du XVIIIe siècle à 1960. Tome II : Les luthiers du XVIIIe siècle, Spa, Les amis de la musique, 1997, 390 p.

[5] Cyril Denet, Les marchands de violons mirecurtiens au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, sous la direct ion de Georges Viard, université Nancy 2, 1998, 123 p.

[6] Amis du Musée

[7] www.luthiers-mirecourt.com

[8] Michel Parisse (dir.), Mirecourt et Poussay, Journées d’études vosgiennes, 22-23 mai 1982, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1984, 212 p.

[9] Arch. dép. Vosges, Edpt 309/ CC 61 à 65, rôle de la subvention sise sur les bourgeois de Mirecourt, 1665-1789.

[10] Arch. dép. Vosges,

[11] Arch. dép. Vosges, Edpt 309/ HH 2

[12] Karl Moens, conférence à Mirecourt en novembre 1992, La Liberté de l’Est, 22 novembre 1992.

[13] Voir l’article d’Agnès Goujon dans ce volume.

[14] Cité par Aimé Gaugué, Mirecourt (88) Vosges, Colmar-Ingersheim, Ed. SAEP, 1971, p. 60.

[15] Philippe Dupuy, « La cour de Lorraine et la lutherie aux XVIe et XVIIe siècle », L’Âme et la corde, 1983, n° spécial, p. 9 à 12.

[16] Ibidem, p. 10.

[17] Ibidem, p. 12.

[18] Karl Moens, conférence à Mirecourt en novembre 1992, op. cit.

[19] www.luthiers-mirecourt.com

[20] Noëlle Gouillard, Les luthiers de Mirecourt […] op. cit., p. 6.

[21] Arch. dép. Vosges, 5 E 2 / 476, contrat d’apprentissage du 31 octobre 1625 ; cité par Noëlle Gouillard, Les luthiers de Mirecourt… op. cit., p. 9.

[22] Noëlle Gouillard, Les luthiers de Mirecourt […] op. cit., p. 14.

[23] Arch. dép. Vosges, 1 J 21, contrat d’apprentissage de Nicolas Mathieu par Adrian Charles.

[24] C’est la conclusion à laquelle arrive Noëlle Gouillard.

[25] Noëlle Gouillard, Les luthiers de Mirecourt […] op. cit., p. 24-41.

[26] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / CC 3.

[27] Noëlle Gouillard, dans sa thèse, apporte de nombreux indices sur les liens étroits entre ces apprentis et Dieudonné Montfort.

[28] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / CC 1.

[29] Voir plus bas, note 41.

[30] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / CC 5-6, rôles des impositions de Mirecourt, 1700-1725.

[31] Notamment Albert Jacquot, La lutherie lorraine […] op. cit. ; René Vannes, Dictionnaire universel […] op. cit.

[32] Arch. dép. Vosges, 5 E 882.

[33] Arch. dép. Vosges, 5 E 892.

[34] Noëlle Gouillard, Les luthiers de Mirecourt… op. cit., p. 62-64 et 96.

[35] Noëlle Gouillard, Les luthiers de Mirecourt… op. cit., p. 80 et 96.

[36] Catherine Massip, « Facteurs d’instruments et maîtres à danser parisiens au XVIIe siècle », dans Florence Gétreau (dir.), Instrumentistes et luthiers parisiens, XVIIe –XIXe siècles, Paris, 1988, p. 17-34.

[37] Ibidem, p. 26-30.

[38] Ibidem, p. 32.

[39] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / CC 7, rôles des impositions de Mirecourt, 1725.

[40] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / CC 12, rôles des impositions de Mirecourt, 1760.

[41] Les catégories fiscales utilisées ici sont basées sur la moyenne d’imposition (M) de chaque année ; les imposés sont classés par une progression géométrique : A entre M et 2 M, B entre 2 M et 4 M, C entre 4 M et 16 M, et en dessous de M : a entre M et moitié de M, b entre moitié de M et quart de M, c entre le quart de M et le seizième de M… Voir les propositions de Dupâquier et ma maîtrise, op. cit. p. 148-149.

[42] Ces biens ont été regroupés en cinq catégories : biens propres à la lutherie, biens ménagers, biens agricoles, biens commerciaux et argent sous forme de monnaie.

[43] Disponibles en partie sur le site informatique www.luthiers-mirecourt.com.

[44] Serre-joint métallique.

[45] Nous reprenons ici les analyses expertes de Roland Terrier.

[46] Arch. dép. Vosges, B 931, registres pour les affirmations des corps de métiers.

[47] Arch. dép. Vosges, B 931.

[48] Drapiers en 1543, bouchers en 1557, marchands en 1564, boulangers pâtissiers en 1582, maréchaux et métiers du fer en 1606, tanneurs en 1621, maçons en 1666, mais aussi perruquiers en 1710 et tissiers en 1731.

[49] Arch. dép. Vosges, B 931, registres pour les affirmations des corps de métiers.

[50] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / HH 2, liasse des corporations de Mirecourt.

[51] Arch. dép. Vosges, Edpt 309/ HH 2-49, scellés et inventaires des biens des corporations de Mirecourt, 30 septembre et 15 octobre 1776.

[52] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / HH 2-46, liasse de la corporation des luthiers, rapport de 1778.

[53] Ibidem.

[54] Arch. dép. Vosges, Edpt 309/ HH 2-49, scellés et inventaires des biens des corporations de Mirecourt, 30 septembre et 15 octobre 1776.

[55] Arch. dép. Vosges, Edpt 309/ HH 2-49, scellés et inventaires des biens des corporations de Mirecourt, septembre et octobre 1776.

[56] Arch. dép. Vosges, Edpt 309/ HH 2-51, vente des biens des corporations, 1780.

[57] Cyril Denet, Les marchands […] op. cit., p. 37.

[58] Arch. dép. Vosges, Edpt 309 / CC 12, rôles des impositions de Mirecourt.

[59] D’après le tableau généalogique de Roland Terrier, que je remercie.

[60] D’après le tableau généalogique de Roland Terrier.

[61] Deux inventaires après décès ont été étudiés (1766 après le décès de sa femme et 1774).

[62] D’après le tableau généalogique de Roland Terrier.

[63] Garçon travaillant chez Boquay, note de Sylvette Milliot. Ne serait-ce pas un Treuillot de Mirecourt ?

[64] Sylvette Milliot, Histoire de la lutherie parisienne du XVIIIe siècle à 1960. Tome II : op. cit., p. 324.

[65] Ibidem, p. 327.

[66] Ibidem, p. 342.

[67] Ibidem, p. 343.

[68] Ibidem, p. 324.

[69] Renseignements aimablement communiqués par Roland Terrier, que je remercie.

[70] Jean-Paul Rothiot, « Jean Baptiste Salle et l’affaire des cloches », dans Robert Loiseau et Jean-Paul Rothiot (dir.), Figures de la Révolution et de l’Empire, Nancy, PUN, 1992, p. 149.

[71] Charles Guyot, Mirecourt pendant la Révolution, Nancy, Mémoires de la SAL, 1901, p.

[72] Sylvette Milliot, Histoire de la lutherie parisienne du XVIIIe siècle à 1960. Tome II : op. cit., p. 117-125.

 

Ce texte a été rédigé pour le colloque de le fédération des société savante en 2012. Il est inclus dans l'ouvrage "Mirecourt, une ville et ses métiers" publié en 2013 par la fédération des sociétés savantes des Vosges et les Amis du vieux Mirecourt-Regain.

Jean-Paul Rothiot.

Président des Amis du Vieux Mirecourt Regain,

Maître de conférences honoraire en histoire contemporaine, Université de Lorraine,

Chevalier des Arts et Lettres.

 

 

luthiers@luthiers-mirecourt.com

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